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Analysis hair proteomic forensic Forenseek

Identifier un individu sans ADN : l’analyse protéomique capillaire

Lorsqu’un cheveu ou un poil est retrouvé sans bulbe sur une scène de crime, aucune analyse génétique classique ne peut être réalisée. Privé d’ADN nucléaire, cet élément biologique n’offrait jusqu’ici qu’un intérêt limité et ne permettait ni l’identification formelle d’un individu, ni la consultation du fichier national génétique. Depuis quelques années, un changement majeur est intervenu : la protéomique du cheveu, qui exploite les protéines de la tige pilaire afin de révéler des marqueurs individualisants. Grâce aux progrès de la spectrométrie de masse, cette approche ouvre désormais une nouvelle voie d’identification, utile notamment dans les cold cases ou dans les situations où l’ADN est absent ou inexploitable.

Un élément pileux longtemps sous-exploité

Les cheveux et poils retrouvés sur les scènes de crime sont très souvent dépourvus de bulbe, empêchant toute analyse STR (Short Tandem Repeat). Les alternatives traditionnelles (étude morphologique ou ADN mitochondrial) n’offrent qu’une capacité discriminante réduite [1][9]. Dans de nombreuses affaires, ces éléments étaient classés parmi les « traces faibles », faute de valeur probante suffisante. Pourtant, le cheveu constitue un matériau biologiquement dense. Il est composé principalement de kératines et de protéines structurelles particulièrement stables, résistantes à la chaleur, au vieillissement et aux agressions environnementales [1]. Cette robustesse a conduit plusieurs équipes à explorer une autre voie : plutôt que de chercher de l’ADN là où il est absent ou dégradé, pourquoi ne pas s’appuyer directement sur les protéines, dont certaines varient d’un individu à l’autre ?

Figure 1 : Structure d’un cheveu. Source : cosmeticsdesign.com

De l’ADN à la protéomique

La rupture technologique s’appuie sur la spectrométrie de masse haute résolution (HRMS), associée à l’analyse bioinformatique des polymorphismes protéiques. Les travaux récents ont confirmé que l’on peut identifier des centaines de protéines dans un seul cheveu. Parmi elles, certains marqueurs, les SAP (Single Amino acid Polymorphisms), reflètent des variations génétiques individuelles [2]. Une étude majeure a montré qu’un individu présente en moyenne plus de 600 groupes protéiques détectables et plus de 160 marqueurs polymorphiques, permettant d’atteindre des probabilités de correspondance fortuite (Random Match Probability) de l’ordre de 10⁻¹⁴ [2]. Cette signature protéique se révèle donc hautement discriminante, comparable dans certains cas au pouvoir informatif de l’ADN mitochondrial, tout en échappant aux limites bien connues de ce dernier [10].

Les verrous techniques liés à l’extraction des protéines, compliquée par la structure fortement réticulée de la kératine, ont également été en partie levés. Des protocoles combinant chaleur contrôlée et agents réducteurs permettent désormais une extraction plus efficace et reproductible [3]. Ces avancées rendent la méthode plus mature et plus intégrable dans les pratiques forensiques.

Analyse protéomique du cheveu pour une identification forensique. Article Forenseek.
Figure 2 : Processus d’analyse protéomique du cheveu : des protéines extraites de la tige pilaire sont fragmentées puis analysées par spectrométrie de masse afin d’identifier des variations peptidiques individuelles. Source : [2] Parker, G. et al., Deep Coverage Proteome Analysis of Human Hair Shafts, Journal of Proteome Research, 2022.

Des opportunités concrètes pour les enquêtes

La protéomique capillaire revalorise profondément le statut du cheveu dans l’investigation. Dans les cold case, des cheveux conservés depuis des décennies peuvent fournir aujourd’hui des informations individualisantes, même lorsque l’ADN nucléaire était inexploitable au moment des faits [5]. Dans des contextes extrêmes, comme sur des scènes d’incendies, lors de la découverte de corps carbonisés, ou le prélèvement de traces très dégradées, les protéines subsistent souvent là où l’ADN s’est dégradé, ce qui en fait une ressource particulièrement précieuse [5][6].

Pour les enquêtes récentes (agressions sexuelles, enlèvements, violences, contacts rapprochés), les cheveux ou poils sans racine prélevés sur des vêtements, dans des véhicules ou sur des victimes peuvent désormais contribuer à établir des rapprochements ou à exclure des individus. Même lorsqu’elle n’aboutit pas à une identification formelle, la signature protéique permet de réduire le champ des suspects, de confirmer ou d’infirmer une hypothèse, et d’alimenter un faisceau d’indices soumis aux magistrats [4]. Sur le plan judiciaire, cette méthode doit être appréhendée comme une approche probabiliste, proche de l’analyse de l’ADN mitochondrial mais fondée sur des marqueurs plus stables [7]. Intégrée avec rigueur, elle peut devenir déterminante dans les orientations d’enquêtes judiciaires, les réexamens d’affaires anciennes ou les dossiers restés sans réponse faute d’ADN ou de traces papillaires.

Les limites et défis de la technique

Malgré son potentiel, la protéomique capillaire reste une technique encore en phase de maturation. La première limite tient aux protocoles eux-mêmes. L’extraction des protéines reste délicate en raison de la structure résistante de la tige pilaire, et la standardisation complète n’est pas encore atteinte [3]. Un second enjeu est la constitution de bases de données populationnelles suffisamment vastes pour calculer des probabilités de correspondance fortuite robustes [4]. La validation inter-laboratoire, indispensable avant une utilisation en contexte pénal, nécessite des essais menés sur des cheveux provenant de populations, d’âges, d’environnements et de conditions de conservation variés [4][6].

L’intégration juridique pose également des défis. Les magistrats et avocats devront disposer d’explications claires sur cette nouvelle forme de preuve probabiliste. Les exigences classiques d’admissibilité (fiabilité, reproductibilité, transparence méthodologique, robustesse statistique, etc.) s’appliquent pleinement [7]. À ce jour, aucune norme internationale ne cadre encore la procédure, même si des travaux préliminaires sont engagés [8].

Vers une standardisation et intégration opérationnelle de l’analyse protéomique ?

Les perspectives pour les années à venir sont particulièrement encourageantes. Plusieurs centres, notamment Murdoch University et ChemCentre près de Perth en Australie, œuvrent à la standardisation des protocoles et à la production de bases de référence diversifiées [5][6]. Les progrès de la spectrométrie de masse et des outils bioinformatiques rendent désormais possible une automatisation partielle des analyses et une intégration plus simple dans les pratiques courantes des laboratoires forensiques. Pour les enquêteurs, policiers, gendarmes, magistrats et experts, cette évolution implique une adaptation des pratiques de prélèvement et de conservation. Désormais, tout cheveu sans racine doit être systématiquement collecté et conservé. Même minuscule, même ancien, il peut contenir une signature protéique exploitable. Ce changement de paradigme pourrait transformer la réévaluation des cold cases, l’analyse des scènes d’incendie et les investigations les plus complexes.

Conclusion

La protéomique capillaire constitue l’une des avancées les plus prometteuses des prochaines années dans le domaine de l’identification forensique. En redonnant de la valeur à des traces longtemps sous-exploitées, elle constitue une alternative fiable et robuste lorsque l’ADN est absent, dégradé ou inexploitable. Si son intégration judiciaire nécessite encore validation, standardisation et pédagogie, les premiers résultats montrent clairement que cette approche pourrait jouer un rôle décisif dans les enquêtes difficiles, les scènes dégradées et les affaires non résolues.

Références :

[1] Adav, S.S., Human hair proteomics: An overview, Science & Justice, 2021. Accessible via ScienceDirect (Elsevier). Analyse des protéines capillaires, limites analytiques et potentiel médico-légal.

[2] Parker, G. et al., Deep Coverage Proteome Analysis of Human Hair Shafts, Journal of Proteome Research, 2022. Étude clé avec ≈ 632 ± 243 groupes protéiques identifiés par individu, SAP individualisants, RMP jusqu’à 10⁻¹⁴.

[3] Liu, Y. et al., Individual-specific proteomic markers from protein amino acid polymorphisms, Proteome Science, 2024. Développement de protocoles d’amélioration d’extraction et démonstration de peptide-level individualisation.

[4] Smith, R.N. et al., Forensic proteomics: potential and challenges, Proteomics, 2023. Revue systématique : maturité technologique, intégration dans les workflows médico-légaux.

[5] Murdoch University – Western Australia, Hair protein identification project (2024–2025). Programme de recherche sur l’identification humaine via polymorphismes protéiques à partir de cheveux sans ADN. Communiqué institutionnel officiel.

[6] ChemCentre (Western Australia Government), World-first forensic proteomics research program, 2024. Projet financé sur la mise au point de protocoles standardisés pour cheveux, poils, ongles.

[7] Henry, R. & Stoyan, N., The admissibility of proteomic evidence in court, SSRN, 2020. Analyse juridique des preuves probabilistes émergentes (SAP, RMP, validation inter-lab, normes futures).

[8] ISO / ASTM – Guidelines on forensic biology & novel analytical methods, 2022–2024. Cadre normatif en évolution, discussions autour des méthodes non-ADN.

[9] Anslinger, K., Hair evidence in forensic science, Wiley, 2019. Limites des approches traditionnelles (morphologie, ADNmt).

[10] Budowle, B., Mitochondrial DNA in forensic identification, Elsevier, 2018. Base comparative pour comprendre la place de la protéomique.

Microbiome sexome nouvelle technique d'identification pour la police scientifique Forenseek

Le sexome, une preuve potentielle dans les agressions sexuelles

Grâce aux nouvelles techniques de prélèvement et d’analyse, les sciences forensiques jouent un rôle essentiel dans la résolution des crimes sexuels. Là où la recherche de sperme est mise en échec, le sexome, encore appelé microbiome génital, pourrait prendre le relais et devenir un outil complémentaire, voire déterminant.

Qu’est-ce que le sexome ? A l’heure où l’on découvre l’importance du microbiote humain dans de nombreux domaines de la santé, les chercheurs ne se limitent plus à l’analyse de cette flore bactérienne qui colonise la peau et l’intestin. Ils s’intéressent également aux micro-organismes qui peuplent les zones génitales féminines et masculines, le microbiome génital. Pour des questions de santé et notamment la prévention des infections sexuelles, mais pas seulement.

Une signature microbienne unique

L’étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université Murdoch de Perth en Australie sur une douzaine de couples hétérosexuels, a en effet mis en évidence que chaque individu possède une flore microbienne génitale qui lui est propre. Plus abondante chez la femme que chez l’homme, elle se transfère de l’un à l’autre lors d’un rapport sexuel.  Pour Brendan Chapman, scientifique médico-légal et co-auteur de cette étude, la découverte de ces « traces » pourrait devenir une alternative efficace pour identifier l’auteur d’un crime sexuel.

Une identification possible même avec un préservatif

Selon les scientifiques à l’origine de cette découverte, cette nouvelle technique pourrait intervenir de manière décisive lorsque l’analyse ADN du sperme se révèle problématique.  Le prélèvement du matériel biologique sur une victime d’agression sexuelle est désormais très au point et permet grâce aux banques de données génétiques, de nombreuses identifications. Mais la méthode se heurte à plusieurs difficultés, notamment à la réalité temporelle. Au-delà de 48 heures, la quantité de spermatozoïdes diminue drastiquement et peut être insuffisante pour mener à bien des analyses concluantes. Par ailleurs, en l’absence d’éjaculation ou en présence d’un préservatif, ces traces biologiques sont inexistantes.

En revanche, grâce à des techniques de séquençage sophistiquées, il est possible de détecter la signature sexuelle transférée d’un partenaire à l’autre dans les échantillons prélevés jusqu’à cinq jours après le contact sexuel. Mieux encore, ces transferts sont détectables après le lavage des parties intimes, et même si c’est dans une moindre proportion, lorsqu’il y a eu utilisation d’un préservatif. Dans ce cas, précise Brendam Chapman, ce sont surtout les éléments du microbiome sexuel féminin qui sont retrouvés sur l’appareil génital masculin. De quoi confondre encore plus d’agresseurs sexuels même en l’absence d’ADN et cela, sans avoir besoin de réaliser de nouveaux prélèvements sur les victimes déjà fortement traumatisées !

La prochaine étape pour les scientifiques est d’affiner la technique en vérifiant quels sont les facteurs qui peuvent affecter le sexome, en particulier le microbiome vaginal soumis au cycle menstruel, ces variations risquant de fausser les résultats. Une recherche qui s’avère pleine d’espoir pour les sciences forensiques.

Lire l’étude complète (en anglais) ici

Fichier FAED empreintes Forenseek police scientifique

Le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED) partage ses informations

Créé en 1987, le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED) renferme différentes données relevées lors d’une enquête judiciaire. Son utilisation, strictement encadrée par la loi, vient d’être modifiée par décret en date du 23 avril 2024.

En janvier 2024, le FAED enregistrait les empreintes digitales et palmaires de plus de 6,7 millions d’individus ainsi que près de 300 000 traces non identifiées (chiffres CNIL). Il enregistre chaque année plus d’un million de nouveaux signalements. Cette masse d’informations fait de ce fichier un outil précieux dans la résolution des enquêtes, sa consultation permettant notamment de faire des rapprochements entre certaines affaires ou encore d’identifier des personnes disparues.

Plus d’interconnexions pour plus d’efficacité.

Le FAED n’est pas le seul fichier existant, loin de là. La France en compte un certain nombre, parmi lesquels le TAJ (Traitement des Antécédents Judiciaires) le CJN (Casier Judiciaire National), le DPN (Dossier Pénal Numérique) le FPR (Fichier des Personnes Recherchées), chacun d’entre eux contenant des millions de données, sans oublier les logiciels de procédure de la Police et de la Gendarmerie Nationale, le LRPPN et le LRPGN qui permettent le traitement automatisé de données à caractère personnel.

Le décret, mis en application le 24 avril 2024, vise à assurer la connexion entre eux de ces différents fichiers, dans le but évident de faciliter les rapprochements et de gagner en efficacité.

Une coopération européenne renforcée.

Le projet ne cible pas uniquement l’échelon national, il ambitionne également de relier ces fichiers nationaux à des systèmes européens afin d’en consulter les bases de données. Ce sera le cas pour le Système d’information Schengen deuxième génération  (SIS -II) qui comporte une partie centrale basée à Strasbourg associée à des bases nationales dans chaque pays membre de l’espace Schengen.  Ce système centralise les informations sur des personnes ou des objets signalés par les autorités administratives et judiciaires des différents états. L’autre système bénéficiaire est le système d’entrée et de sortie EES (pour  Entry/Exit System) qui enregistre et contrôle de manière automatisée les données des ressortissants de pays non membres de l’UE voyageant dans l’espace Schengen.

Dans les deux cas, cette mutualisation des données a pour objectif de faciliter les échanges, de renforcer les contrôles et donc la sécurité dans la zone européenne désormais dénuée de frontières intérieures. 

Des données suffisamment sécurisées ?

Le décret modifie également la durée de conservation des données enregistrées dans le FAED. Elle est portée à vingt cinq ans pour les crimes et certains délits et peut aller jusqu’à quarante ans pour certaines procédures criminelles.

Etant donné le volume d’informations traitées et ces nouvelles interconnexions entre les fichiers, la question se pose de la protection des données personnelles.  Suite à un rappel à l’ordre de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) qui s’en était inquiétée auprès du Ministère de l’intérieur, des mesures ont été prises pour protéger la confidentialité de ces données et procéder de manière automatisée à leur mise à jour et à leur effacement à la fin du délai de conservation. Ces mesures seront-elles suffisantes ? L’avenir le dira…

Source :
Décret n° 2024-374 du 23 avril 2024 modifiant le code de procédure pénale et relatif au fichier automatisé des empreintes digitales – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
Chapitre Ier : Système d’information Schengen de deuxième génération (SIS II) (Articles R231-1 à R231-16) – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
L’entrée dans l’espace Schengen : la future mise en place des systèmes EES et ETIAS – Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (diplomatie.gouv.fr)
FAED : la CNIL clôt l’injonction prononcée à l’encontre du ministère de l’Intérieur 01 février 2024 – Global Security Mag Online

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Des experts de la police scientifique s'inspirent de méduses pour une nouvelle technique de révélation d'empreintes digitales. Forenseek

Révélation d’empreintes en 10sec chrono grâce aux méduses !

Finies les poudres dactyloscopiques ou les réactifs chimiques pour relever les empreintes digitales ? C’est en tout cas ce qu’espèrent des scientifiques en proposant cette alternative qui pourrait révolutionner les méthodes de police scientifique.

Utilisé depuis le XIXème siècle sur les scènes de crime, le relevé d’empreintes papillaires a déjà connu quelques évolutions techniques depuis sa mise en place. A côté des poudres dactyloscopiques classiques, les agents de la police scientifique disposent aujourd’hui de réactifs chimiques, notamment la ninhydrine, l’indanedione, le DFO ou encore le Lumicyano, une technique luminescente mise au point en 2013 par des experts français, qui utilise du cyanoacrylate fluorescent par fumigation.

Ces différentes techniques présentent toutefois quelques inconvénients : Certaines formulations contiennent des composants qui peuvent se révéler toxiques à fortes doses, elles peuvent dégrader l’ADN présent dans les empreintes (sueur, cellules épithéliales) et nécessitent par ailleurs plusieurs minutes pour révéler une trace.   

Inspirantes méduses …

Afin d’améliorer les capacités opérationnelles des équipes présentes sur les scènes de crime, des scientifiques basés en Chine et au Royaume Uni ont mis au point une alternative en s’inspirant … Des méduses ! Ces organismes marins que l’on connaît plus pour leurs piqures urticantes que pour leurs aspects positifs, produisent en effet la GFP (Green Fluorescent Protéin) une protéine fluorescente soluble dans l’eau et compatible avec les systèmes biologiques. Elle a donné naissance à deux colorants, le LFP jaune et le LFP rouge, dont la particularité est d’interagir avec les acides gras et les acides aminés présents dans le sébum et la sueur qui imprègnent les empreintes digitales et dont la formulation est compatible avec les analyses ADN ultérieures.

Un spray actif en 10 sec

Le nébulisateur ultrasonique imaginé par les scientifiques offre l’avantage de vaporiser une brume très fine qui se dépose sans altérer les empreintes. Une fois au contact de la surface à traiter, les molécules des colorants se lient aux sécrétions sébacées et eccrines des empreintes. Il suffit ensuite d’exposer la zone à la lumière U.V pour qu’apparaisse une empreinte claire et contrastée en seulement dix secondes, prête à être photographiée.

Ce gain de temps se double d’une capacité à révéler des traces papillaires anciennes déposées plusieurs jours auparavant et d’une véritable efficacité sur des surfaces réputées difficiles comme la céramique, le plastique, le papier aluminium ou plus rugueuses comme la brique. Des performances qui ont encore besoin d’être optimisées avant que cette nouvelle technique ne soit intégrée dans l’arsenal forensique mais qui ouvre de nouvelles perspectives pour la police technique et scientifique.

Sources :
Une nouvelle technique inspirée des méduses pour relever les empreintes digitales (fredzone.org)
De nouveaux colorants en spray peuvent révéler instantanément les empreintes digitales sur les scènes de crime – Oxtero

Identification des victimes de catastrophes en Israel - Police scientifique - Forenseek

L’IVC, une approche pluridisciplinaire d’identification des victimes

Les événements tragiques qui viennent de se dérouler en Israël mais également en Ukraine remettent en lumière la difficulté extrême d’identifier les victimes de catastrophes de masse. Pour faciliter ces procédures complexes mais nécessaires, INTERPOL a mis en place le protocole IVC, aujourd’hui internationalement reconnu.

Répondre le plus rapidement possible aux proches plongés dans une attente insoutenable tout en gardant une stricte approche scientifique est une gageure à laquelle sont confrontées toutes les équipes dépêchées sur les lieux d’une catastrophe ! Rédigé pour la première fois en 1984 et remis à jour tous les cinq ans, le guide IVC d’Interpol (Identification des Victimes de Catastrophes, DVI ou Disaster Victim Identification dans sa version anglaise) propose aux unités sur le terrain une procédure qui permet une identification formelle.

Un protocole en 4 étapes

Mis en pratique en 2004 lors du tsunami en Thaïlande puis de façon systématique lors de chaque catastrophe, qu’il s’agisse d’un événement naturel, d’un accident ou d’un attentat comme celui perpétré par le Hamas en Israël ces derniers jours, le protocole comprend quatre étapes complémentaires afin de ne laisser aucune place à l’erreur :

L’examen des lieux de la catastrophe afin de procéder au relevage des corps mais également de tous les objets personnels,

Le recueil de preuves médico-légales ou données post-mortem: relevé d’empreintes digitales et examen dentaire lorsque l’état de la dépouille le permet, prélèvements ADN (superficiels ou profonds), recherche de particularités physiques (tatouages, cicatrices, taches de naissance…), examen radiologique (recherche de prothèse, implants, broches, etc.).

La consultation de données ante-mortem : il s’agit des dossiers médicaux existants ou de données recueillies par les équipes à l’issue de l’ouverture d’une fiche « Interpol – Personne disparue ». Dans ce cas, il va s’agir de récupérer l’ADN de la personne disparue via un object qu’elle a l’habitude de manipuler (brosse à dents, à cheveux, rasoirs) ou de le déterminer à l’aide de probabilités en récupérant l’ADN de personnes apparentées (parents, enfants, cousins, grands-parents, etc). Enfin, les experts de la gendarmerie nationale ou de la police nationale pourront également récupérer les empreintes digitales de la personne disparue soit dans un fichier soit sur un objet dont elle est la seule à manipuler.

-La confrontation des différentes données post-mortem et ante-mortem afin de pouvoir réaliser des rapprochements et grâce à une analyse approfondie par les experts, de procéder à une identification formelle d’une victime. Dès lors que l’identification est établie, le certificat de décès est délivré et les familles peuvent désormais récupérer le corps de leur proche et entamer ce long et douloureux processus de deuil.

Une expertise de pointe au chevet des morts

L’efficacité de cette intervention est intimement liée à la conjugaison de plusieurs expertises. En dehors de la police scientifique spécialisée dans les scènes de crime et des unités d’enquête, des experts en médecine légale, odontologie médico-légale, des anthropologues, des biologistes et des experts en empreintes digitales travaillent en concertation avant de rendre leurs conclusions.

La France qui a été régulièrement confrontée à ces situations dramatiques ces dernières décennies, s’est dotée d’unités de pointe : l’UPIVC (Unité de Police d’Identification des Victimes de catastrophes) qui est intervenue notamment lors des attentats du 13 novembre 2015 et dont la mise en œuvre est confiée au Service National de Police Scientifique (SNPS) et l’UGIVC (Unité de Gendarmerie d’identification des Victimes de Catastrophes) dont la mise en oeuvre est confiée à l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN). Ces services spécifiques se déploient rapidement sur les lieux d’une catastrophe majeure, qui est dite « fermée « (lorsqu’elle concerne un groupe de personnes précis et identifiable comme lors d’un crash d’avion) ou «ouverte» (lorsqu’il est difficile de connaître le nombre de victimes comme lors de l’attentat de Nice en 2016).

Lorsque l’intervention d’une seule unité ne suffit pas, l’Unité Nationale d’Identification des Victimes de Catastrophes (UNIVC) prend temporairement le relais en activant conjointement les deux unités précédentes.

Sources :

Identification des victimes de catastrophes (IVC) (interpol.int)
L’Unité Gendarmerie d’Identification des Victimes de Catastrophe (UGIVC) – PJGN (interieur.gouv.fr)
ATTENTATS : UPIVC, l’unité de police d’identification des victimes de catastrophe en action –  

Vidéosurveillance intelligent lors des jeux olympiques de Paris 2024

Quand la vidéosurveillance devient « intelligente »

Le 23 mars dernier, l’Assemblée Nationale a adopté l’article 7 du projet de loi relative aux jeux olympiques, autorisant l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique. Une décision prise pour renforcer la sécurité de l’événement qui ne fait pas l’unanimité.

Avec des milliers d’athlètes et des millions de visiteurs venus du Monde entier, les Jeux Olympiques qui se dérouleront en France du 24 juillet au 8 septembre 2024 constituent un véritable casse-tête sécuritaire.

Pour y faire face, le gouvernement a souhaité mettre en place des capacités de surveillance supplémentaires dont ces caméras d’un nouveau type qui fonctionnent avec l’Intelligence Artificielle.

Vous avez dit intelligente ?

Déjà bien implantée dans les rues, les zones commerciales et les lieux de forte fréquentation, la vidéosurveillance fait désormais partie de notre panorama quotidien. Mais jusqu’à présent, il s’agissait d’une technologie classique fonctionnant avec des caméras analogiques placées sous le contrôle d’opérateurs humains formés à leur exploitation.

Les dispositifs mis en œuvre pour 2024 font quant à eux appel à des caméras dites « augmentées »qui analysent automatiquement les situations grâce à des algorithmes spécifiques et peuvent signaler rapidement des colis, des comportements suspects ou des mouvements de foule. Cette nouvelle vidéosurveillance, plus économe en ressources humaines (un seul agent peut gérer des dizaines, voire des centaines de caméras) permet en outre aux forces de sécurité de gagner un temps précieux entre l’identification d’une anomalie et l’intervention, notamment dans des lieux aussi animés que les transport en commun et les manifestations sportives ou culturelles. Un sérieux atout dans une période où le risque terroriste reste particulièrement élevé.

La surveillance, oui mais jusqu’où ?

Même si l’utilisation de cette technologie entre dans un cadre juridique spécifique « expérimental et temporaire » qui la limite théoriquement dans le temps (à priori jusqu’au 31 décembre 2024), elle ne suscite pas moins des inquiétudes, notamment chez certains élus et du côté de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) .Ils craignent que le déploiement de ces technologies puisse dériver vers une surveillance de masse permanente et l’ identification biométrique des individus par reconnaissance faciale. Face à un système algorithmique entièrement automatisé, on peut aussi redouter des interprétations erronées de gestes ou d’attitudes émanant d’un individu ou d’un groupe d’individus. En clair, quelles seraient les conséquences si la machine se trompait ?

A l’heure ou l’IA et l’apparition d’algorithmes de plus en plus sophistiqués comme Chat GPT font l’objet de nombreux débats pour en assurer l’encadrement à la fois déontologique et législatif dans le respect des droits fondamentaux, les interrogations sur l’emploi de la vidéosurveillance augmentée risquent fort de se multiplier.

Empreintes digitales pour détecter le cancer du sein - police scientifique

Les empreintes digitales, bien plus qu’une méthode d’identification

Largement utilisées par les services de police du monde entier pour l’identification des personnes, les empreintes digitales permettent également de réaliser différents tests de dépistage.

L’intérêt pour les empreintes digitales vient d’être relancé grâce à une nouvelle étude publiée le 1er février 2023 par des chercheurs de l’Unité mammaire Jasmine du Doncaster Royal Infirmary au Royaume Uni. Les scientifiques ont en effet mis au point une technique digitale qui permet de détecter le cancer du sein avec une précision de près de 98%.

Des sécrétions qui trahissent la maladie…

Dans ce cas, pas question de scruter les classes de formes des empreintes digitales ou encore les minuties, ces points caractéristiques situés sur les lignes papillaires, qui permettent une identification fiable des individus grâce à leurs empreintes. En réalisant des frottis à l’extrémité des doigts afin d’en prélever la sueur, les médecins ont détecté la présence de protéines et de peptides, indiqués comme bio-marqueurs d’un potentiel cancer du sein.

Cette technique non invasive et sans douleur pour les patientes, permettrait de différencier les tumeurs bénignes, précoces ou métastatiques. Si les résultats sont confirmés, elle pourrait être commercialisée prochainement sous la forme d’un kit afin de poser un diagnostic rapide et fiable, nettement moins traumatisant et coûteux que la mammographie, qui est à l’heure actuelle le moyen de dépistage de référence.

…Et dépistent les stupéfiants!

De la médecine aux sciences forensiques, il n’y a souvent qu’un pas, que dans ce cas, la technologie a franchi. Le prélèvement de sueur au niveau des empreintes digitales fait en effet partie des dispositifs existants pour détecter la présence de quatre classes de stupéfiants : amphétamines, cannabis, cocaïne et opiacés.

Là encore, c’est le prélèvement de sueur qui trahit l’existence de ces molécules, que le produit chimique ait été simplement manipulé ou ingéré. Il suffit de presser les doigts sur un papier spécial puis de l’analyser à l’aide de la spectrométrie de masse pour en trahir la présence, une détection possible jusqu’à 48 heures après le contact ou l’ingestion.

Contrairement aux tests sanguins qui exige toute une logistique, cette méthode d’analyse ne prend que quelques minutes et peut aussi être employée au niveau des traces papillaires relevées sur une scène de crime. Elle se révèle également efficace dans le cadre médico-légal sur des prélèvements de sueur post-mortem.

Sources :

https://www.nature.com/articles/s41598-023-29036-7

https://www.businesswire.com/news/home/20181008005386/fr/

Empreinte cérébrale une nouvelle méthode d'identification - biométrie et police scientifique Forenseek

L’empreinte cérébrale, nouvelle méthode d’identification ?

La Terre compte huit milliards d’habitants et chacun d’entre eux est unique. Une spécificité largement utilisée dans les procédés d’identification, grâce à la génétique, à la dactyloscopie et dans un futur proche, à l’empreinte cérébrale.

Si le XXème siècle a été celui des progrès technologiques, le XXIème sera sans aucun doute le siècle des neurosciences. Grâce aux nouvelles techniques d’IRMf (Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle), il est possible de capter en moins de deux minutes l’empreinte d’un cerveau, une empreinte tout aussi unique que celles qui se trouvent au bout des doigt et qui permet d’identifier un individu avec une précision proche des 100% .

Une empreinte cérébrale unique

Outre le volume du cerveau et l’épaisseur du cortex, l’équipe de chercheurs de l’université de Zurich qui travaille sur cette question, a mis en évidence les caractéristiques anatomiques spécifiques de chaque cerveau avec notamment une organisation des crêtes et des sillons qui n’est pas sans rappeler celle des empreintes digitales. Cette « architecture » cérébrale est modelée non seulement par la génétique mais également par la pratique de certaines activités, les événements de la vie (comme un accident physique ) ainsi que par les différentes expériences qu’une personne peut connaître dans son existence.

Toutefois, ce n’est pas tant l’image du cerveau que son activité neuronale qui permet de caractériser cette empreinte cérébrale. Les signes d’ activité captés par l’IRMf sont synthétisés de façon à donner une carte des réseaux neuronaux, appelée connectome cérébral fonctionnel. En analysant ce connectome, il est possible d’en établir un résumé visuel sous forme d’un graphique qui permet de suivre l’activité du cerveau, de comprendre quelles en sont les zones sollicitées (sensorielles ou cognitives) et point essentiel dans le domaine de l’identification, de différencier les individus entre eux.

L’empreinte cérébrale utilisée en biométrie

Dans la mesure où la réalisation d’une IRM est aujourd’hui encore longue et coûteuse, il est peu probable que ce procédé d’identification remplace dans un futur proche les appareils capteurs d’empreintes digitales.

En revanche, les institutions gouvernementales comme certaines entreprises privées exerçant dans des secteurs dits sensibles, s’intéressent de près au développement de techniques biométriques basées sur l’identification des signaux cérébraux qui permettraient de sécuriser de façon très poussée les identités numériques.

Du simple smartphone aux lieux de haute sécurité, il existe déjà des systèmes d’identification pourvus de lecteurs d’empreintes digitales mais l’on sait d’expérience qu’il existe des possibilités de falsification. L’empreinte cérébrale quant à elle, se révèle infalsifiable car elle est obtenue grâce à une technologie qui fait intervenir un algorithme spécifique et complexe. Pour mettre en place cette biométrie cérébrale, les scientifiques enregistrent à l’aide d’un casque pour EEG (électroencéphalographie) les ondes cérébrales émises face à différents types de stimuli sensoriels, mots peu fréquents, images en noir et blanc et en couleurs par exemple. Ces réponses, différentes pour chaque individu, constituent une identité inviolable car nichée au sein du cerveau et dont le profil serait perturbé dans le cas où l’on exercerait des pressions ou des violences sur la personne en question. On peut donc imaginer disposer avec l’empreinte cérébrale d’une technique biométrique supérieure à celles existantes, même la technique de la rétine considérée comme l’une des plus sophistiquées ou encore de nouvelles applications dans le domaine de la police scientifique.

Sources :

https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/technologie-biometrie-empreintes-cerebrales-nous-identifier-62535/

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/neurosciences-chaque-cerveau-possede-sa-propre-empreinte-digitale_158577

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1832469/cerveau-empreintes-cerebrales-empreintes-digitales