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ADN trafic drogue narcotrafic - police scientifique

L’ADN traque aussi les narcotraficants

Du produit brut au sachet de drogue vendu dans la rue, chaque étape de manipulation multiplie les occasions de laisser des traces. Qu’il s’agisse d’empreintes digitales ou de résidus biologiques (ADN), ces indices sont précieux pour remonter jusqu’aux trafiquants.

L’ADN, clé des enquêtes criminelles

Depuis quelques années, l’analyse de l’ADN est devenue un outil incontournable pour élucider les affaires criminelles, y compris les plus anciennes (les « cold cases »). Dans une étude récente menée à l’Université Flinders, l’équipe de la doctorante en sciences forensiques Madison Nolan et du Professeur Adrian Linacre propose d’aller encore plus loin dans l’identification des suspects impliqués dans le trafic de stupéfiants grâce au profilage génétique.

Le conditionnement comme source de preuves

Avant d’être vendue, la drogue doit être transformée et conditionnée dans différents types d’emballages, qui deviennent alors une mine d’informations pour la police scientifique. Cependant, la répétition des manipulations et l’exposition aux facteurs extérieurs peuvent altérer l’ADN, le rendant parfois inexploitable. Pour améliorer le travail des enquêteurs, les chercheurs de Flinders se sont concentrés sur les zones d’emballage les plus susceptibles de conserver ces traces biologiques.

De meilleurs transferts à l’intérieur

Selon leurs conclusions, la présence d’ADN est particulièrement significative sur les gélules contenant des substances en poudre et sur les surfaces internes des sachets « Ziploc » qui renferment ces gélules, notamment au niveau des bords intérieurs de la fermeture. Même un bref contact (environ 30 secondes) suffit à y déposer des quantités d’ADN suffisantes. Le fait que ces traces se situent à l’intérieur de l’emballage limite par ailleurs les risques de contamination extérieure.

Des perspectives nouvelles pour les enquêtes

Pour la police scientifique, cette étude fournit de nouvelles pistes pour optimiser les prélèvements lors de saisies de drogue. En ciblant principalement l’extérieur des gélules et l’intérieur des sachets, il devient possible d’obtenir des profils génétiques de meilleure qualité, à condition de respecter scrupuleusement les procédures afin d’éviter toute contamination. Il n’en reste pas moins que, comme le rappellent les chercheurs, l’ADN récupéré peut déjà être altéré par les conditions de transport et de manipulation préalables, ce qui limite parfois sa fiabilité.

Sources :

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1872497324001789 https://news.flinders.edu.au/blog/2025/02/03/dna-study-targets-drug-making/

De la recherche ADN aux analyses de données numériques : l’évolution fulgurante de la police scientifique

La police scientifique n’a jamais été aussi performante qu’aujourd’hui. Grâce aux avancées technologiques, les enquêtes criminelles bénéficient désormais d’outils d’investigation pointus, permettant notamment de résoudre des affaires de meurtre, de viol, de vol à main armée ou encore de terrorisme. Dans ce contexte, le concours de la Police Scientifique revêt une importance capitale, car il permet de recruter de futurs Techniciens de Police Technique et Scientifique (TPTS), chargés d’intervenir rapidement sur les scènes de crime.

Un soutien essentiel pour la Police Judiciaire

En effet, l’expertise de la police scientifique fait gagner un temps précieux à la Police Judiciaire, que ce soit dans la gestion d’une scène de crime (homicide, assassinat, etc.) ou d’une scène de délit (vol, cambriolage, dégradations, trafic de stupéfiants). L’analyse d’indices tels que les empreintes digitales, l’ADN, les fibres, les éléments balistiques ou encore les traces numériques contribue à établir des preuves solides face aux tribunaux et permet de mieux cerner le profil des suspects.

L’importance du facteur humain

Malgré ces moyens technologiques de pointe, les effectifs de la police scientifique restent profondément humains. Chaque jour, ces professionnels doivent composer avec des situations parfois dramatiques et faire face à la détresse des victimes. Dans l’émission LEGEND sur YouTube, animée par Guillaume Pley, le policier scientifique Sébastien Aguilar, souligne l’impact psychologique de ces enquêtes. Il évoque des affaires hors du commun, parfois totalement folles, mais aussi des cas dont la violence l’a marqué pour toujours.

Police Scientifique : un métier loin des clichés

Cette réalité du terrain est souvent bien différente des clichés véhiculés au sujet de la police scientifique. Dans son ouvrage « Au cœur de l’enquête criminelle », publié dans la collection Darkside chez Hachette, Sébastien Aguilar décrit pas à pas le travail rigoureux des enquêteurs, épaulés par les policiers scientifiques entièrement dédiés à la recherche de la vérité. Il y relate également les différentes étapes qui mènent au procès en Cour d’Assises, offrant un aperçu complet du fonctionnement de la machine judiciaire.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’impact psychologique du métier, les techniques d’investigation modernes ou encore l’importance du concours de Technicien de Police Technique et Scientifique, retrouvez l’interview de Sébastien Aguilar par Guillaume Pley sur YouTube et plongez-vous dans « Au cœur de l’enquête criminelle » pour une immersion totale dans l’univers passionnant de la police scientifique.

Affaire Michel Fourniret et Monique Olivier - Forenseek

Fourniret : Ma rencontre avec un couple tueur en série

Procureur de le République à Charleville-Mézières de 2003 à 2008, j’ai été en charge de l’affaire Fourniret / Monique Olivier pendant 4 années et obtenu à leur procès d’assises leur condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité. C’est une affaire exceptionnelle par le nombre de petites ou de jeunes filles victimes, par la durée du périple criminel de ce couple tueur en série, par l’abomination et l’inhumanité des crimes perpétrés et par la perversité inouïe de ces deux monstres.

Il m’a fallu 15 années après le procès de 2008 pour écrire mon livre « Ma rencontre avec le Mal » qui n’est pas une narration journalistique de tous ces crimes odieux mais l’écriture de mon vécu, ma part de vérité. Une tentative de contribution à la connaissance du traitement particulier que nécessite les grandes affaires criminelles et les crimes sériels, ainsi que les défis pénaux, criminologiques et sociaux qu’ils revêtent. Et surtout mon livre a été voulu pour tenter de faire comprendre si tant soit peu les tourments terribles et définitifs endurés par toutes les familles de ces malheureuses victimes pour qu’elles puissent être mieux écoutées par la justice, être l’objet d’une meilleure écoute et d’une empathie constante tout au long de leur éprouvant périple judiciaire.

La découverte glaçante d’un tueur en série

Dès ma nomination en qualité de procureur de la République à Charleville-Mézières en 2003, je prends immédiatement connaissance de deux affaires criminelles très graves, l’enlèvement et le meurtre de deux jeunes victimes.Le 16 mai 2000, Céline, âgée de 18 ans, disparaît à sa sortie d’un lycée de Charleville-Mézières. Toute fugue est rapidement exclue et les recherches entreprises immédiatement demeurent vaines jusqu’au 22 juillet 2000, date à laquelle ses ossements sont découverts dans un bois proche, à la frontière belge. Le 5 mai 2001, Mananya, 13 ans et demi, disparaît à son tour à Sedan, commune ardennaise, alors qu’elle sortait de la médiathèque et regagnait son domicile. Le 1er mars 2002, son corps est retrouvé à une trentaine de kilomètres, à proximité d’un village belge.  Les analogies entre ces deux crimes sont trop nombreuses pour imaginer de simples coïncidences, la proximité géographique des faits et des lieux de la découverte des corps, le mode opératoire des enlèvements en zone urbaine en toute discrétion, les détails de leur abandon, le profil physique et psychologique des victimes… Avec les juges d’instruction et les enquêteurs de la police judiciaire de Reims, l’hypothèse effrayante d’un tueur en série dans les Ardennes devient de plus en plus crédible. En dépit d’investigations multiples menées conjointement par les services de police judiciaire de Reims et de Dinan, en Belgique, les recherches restent infructueuses. Jusqu’au 26 juin 2003 où se produit un événement majeur qui va relancer ces deux enquêtes. Ce jour-là, une petite fille, Marie-Ascension, 13 ans, est enlevée en Belgique et, grâce à son courage et à son sang-froid, réussit à se défaire de ses liens et à s’enfuir de la camionnette dans laquelle son ravisseur l’avait séquestrée. Une automobiliste l’a recueillie et, fort intelligemment, parvient à relever l’immatriculation de ce véhicule, que les gendarmes attribuent à Monique Olivier, l’épouse de Michel Fourniret. Celui-ci est rapidement interpellé. Il reconnaît les faits et précise l’avoir ligotée, caressé ses seins, envisagé une relation sexuelle avec la fillette et lui avoir dit « qu’il était bien pire que Dutroux ».

Les perquisitions effectuées à son domicile permettent de retrouver des vêtements d’enfants, des cordes, du ruban adhésif, une paire de menottes, un masque inhalateur pour enfant, des ampoules d’éther et des armes diverses, notamment des revolvers de police dérobés lors d’un cambriolage.

Fourniret s’engage à tuer les deux précédents conjoints de Monique Olivier et, en échange, celle-ci lui offrira des jeunes filles vierges qu’ils appellent « des MSP (membranes sur pattes) » ou « des jeunes fentes” 

Michel Fourniret - Forenseek

Michel Fourniret et Monique Olivier : l’alliance mortelle d’un couple tueur en série

Monique Olivier déclare tout ignorer d’un quelconque penchant de son mari pour les enfants, ignorer tout de ses condamnations antérieures et affirmer, à l’instar de Fourniret, que cet enlèvement reste un cas isolé. Il faudra une année entière et le travail considérable des enquêteurs belges qui l’ont interrogée à 120 reprises, ainsi que la sonorisation d’un parloir, pour obtenir enfin ses premiers aveux, très partiels, quant au nombre de crimes commis et sa propre participation. Quelques jours après, confondu par les précisions apportées par son épouse, Fourniret avoue à son tour. Il explique avoir connu Monique Olivier alors qu’il était détenu pour une précédente affaire d’agressions sexuelles. Elle a répondu à son souhait de correspondre et, pendant huit mois, ils n’ont cessé de s’écrire, plus de 200 lettres au total. L’analyse de ces volumineux courriers est édifiante car, avant même toute rencontre physique, ils souscrivent un véritable pacte criminel. Fourniret s’engage à tuer les deux précédents conjoints de Monique Olivier et, en échange, celle-ci lui offrira des jeunes filles vierges qu’ils appellent « des MSP (membranes sur pattes) » ou « des jeunes fentes ». Deux mois après la libération de Fourniret, ce pacte jusqu’alors épistolaire, se concrétise pour le plus grand malheur d’Isabelle, 17 ans.

Le 11 décembre 1987, elle disparaît sur le trajet entre son lycée et son domicile, à Auxerre. Les aveux du couple Fourniret permettent d’établir l’organisation minutieuse de ce rapt, avec des repérages, l’enlèvement de la jeune fille par Monique Olivier, le stratagème de Fourniret qui feint d’être en panne d’essence, monte dans le véhicule, lui passe une cordelette passée autour du cou et Monique Olivier lui administre des cachets de rohypnol qui la rendent semi inconsciente. Amenée dans leur maison, Fourniret tente de la violer mais n’y parvient pas, faute d’une érection suffisante. Monique Olivier, d’initiative, lui pratique une fellation. Fourniret étrangle ensuite la jeune fille et tous deux se débarrassent du corps en le jetant dans un puits désaffecté. Il faudra plus de deux ans et une trentaine d’anciens puits explorés pour retrouver le corps de leur victime. Une scène déchirante pour le papa d’Isabelle. Les meurtres s’enchaînent les uns après les autres et le périple sanglant du couple va se poursuivre pendant 16 années.

En janvier 1988, Fourniret, accompagné de Monique Olivier, tire à bout portant avec un fusil de chasse sur un représentant de commerce pour lui dérober son portefeuille. Un fait criminel conforme à l’un de leurs engagements épistolaires. La victime survit miraculeusement.

Quelques semaines plus tard, ils commettent un meurtre en assassinant la compagne d’un ancien codétenu de Fourniret afin de dérober une partie du magot du gang des postiches, une équipe de braqueurs qui avait écumé de nombreux établissements bancaires de la région parisienne.  Cela leur permettra d’acheter pour la somme de 1,2 millions de francs la propriété du Sautou, un château du 19ème siècle avec un parc d’une quinzaine d’hectares. Un épisode criminel rocambolesque. En août de la même année, ils enlèvent et assassinent dans la Marne Fabienne, une étudiante de 20 ans. Fourniret tente de la tuer en lui injectant de l’air dans les veines avec une seringue, puis lui tire dessus à bout portant avec un fusil à canons sciés. Ils abandonnent le corps de la malheureuse victime dans le camp militaire de Mourmelon, reproduisant les crimes commis par un autre tueur en série, l’adjudant Chanal.

Michel Fourniret - Victime - Forenseek

En janvier 1989, le couple enlève à Charleville-Mézières Jeanne-Marie, une étudiante de 21 ans. Après avoir tenté de la violer, Fourniret l’étrangle tandis que Monique Olivier lui obture les voies nasales et buccales à l’aide d’un adhésif. Ils enfouissent le corps dans leur propriété du Sautou. Son corps ne sera retrouvé que 15 années plus tard, après des recherches compliquées par les manipulations et les provocations de Fourniret. En décembre 1989, à proximité de Namur en Belgique, Monique Olivier prend le prétexte de son nourrisson malade, dans un couffin à l’arrière de son véhicule, pour enlever avec Fourniret la petite Elizabeth, 12 ans. Après l’avoir emmené dans leur maison ardennaise, l’avoir enivrée et ligotée, Fourniret tente de la violer, en vain et en dépit à nouveau d’une fellation pratiquée par Monique Olivier. Elizabeth passe la nuit enchaînée puis est conduite le lendemain par Fourniret au château du Sautou où il l’étouffe dans un sachet plastique transparent. Lors d’une « conversation » avec lui, il tentera de me faire réagir en me livrant de manière odieuse tous les détails des transformations physiques d’un visage qui s’asphyxie.

Un mode opératoire similaire à celui d’un autre tueur en série, Francis Heaulme.

En novembre 1990, ils enlèvent Natacha, 13 ans, sur le parking d’un supermarché dans les environs de Nantes. Fourniret la roue de coups, la viole puis la poignarde longuement avec un poinçon. Il abandonne son corps sur une plage en Vendée, à 80 kilomètres de distance, mode opératoire similaire à celui d’un autre tueur en série, Francis Heaulme. En 1995, Fourniret agresse très violemment une toiletteuse pour chiens à Namur. Grâce à sa présence d’esprit, la victime, Joëlle, garde la vie sauve mais endure encore aujourd’hui des séquelles psychologiques définitives. Un véritable meurtre psychique. En 2000 et 2001, il enlève, viole et tue dans les Ardennes, Céline et Mananya, après de longues heures de torture morale. Un calvaire interminable pour ces deux jeunes victimes.

            Entre 1990 et 2000, bien loin « d’une période blanche », les activités criminelles du couple se poursuivent à un rythme effréné. Des faits commis, comme le meurtre de la petite Estelle à Guermantes en région parisienne, résolu 16 ans après, ainsi que de nombreuses tentatives ou des projets avortés d’enlèvements, de viols et de meurtres.

Michel Fourniret : le tueur en série le plus abouti 

Une plongée dans la psyché torturée d’un couple diabolique

Comment expliquer des déviances aussi folles et meurtrières ? Rien dans la vie passée de Fourniret ou de Monique Olivier n’apporte l’esquisse d’un début de commencement de réponse. Seules leurs nombreuses expertises psychologiques et psychiatriques permettent de lever un voile.

Monique Olivier - Forenseek

           

Fourniret est décrit comme « le tueur en série le plus abouti ». D’une froideur inouïe, très organisé et obsessionnel, sadique, extrêmement violent et pervers, sa pathologie criminelle a été considérée comme absolue. Il a éprouvé une réelle jouissance de la terreur et de l’humiliation de ses victimes, en prolongeant leur agonie. Monique Olivier dispose quant à elle d’un quotient intellectuel très supérieur à la moyenne. Perverse et manipulatrice, elle a su se rendre indispensable à Fourniret pour assouvir ses propres fantasmes les plus archaïques. C’est elle qui lui a délivré son permis de tuer ; « sans elle, il n’y a pas de meurtre ». Indifférente à la souffrance de ses jeunes victimes, elle a éprouvé une certaine fierté à être la complice de Fourniret et a joué un rôle particulièrement actif dans la commission de leurs crimes. L’emprise de l’un sur l’autre a été totale et réciproque par « l’aliénation de chacun dans le fantasme de l’autre ». Les experts ont parlé « d’une véritable cooptation des inconscients, un engrenage si intime qu’il est devenu constitutif d’une nouvelle entité tierce : le couple agissant. Tout se passe comme si un nouveau sujet était créé. Deux psychismes qui se sont engrenés pour conduire à l’action criminelle ».

Condamnations à perpétuité pour un verdict sans précédent

Ce couple monstrueux a été condamné en mai 2008 après huit longues semaines d’un procès particulièrement éprouvant. A l’attitude insupportable du couple a répondu l’exceptionnelle dignité de toutes les familles, au-delà de leur douleur intense et définitive, forçant ainsi l’admiration de tous.

Fourniret a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, c’est-à-dire une perpétuité réelle, sans aucune possibilité d’aménagement ou de réduction de peine, permissions de sortir ou libération anticipée, condamnation rarissime en France. Monique Olivier a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 28 ans. Elle est la seule femme à avoir été condamnée à une telle peine.

Jamais la France n’avait connu un couple tueur en série aussi monstrueux, sur une telle durée, à l’encontre d’un nombre aussi élevé de jeunes victimes, vraisemblablement entre trente et trente-cinq dont beaucoup non encore identifiées, martyrisées dans des conditions monstrueuses. Puisse cela ne plus jamais se reproduire.

” Personne ne sortira indemne de l’affaire Fourniret, pas FRANCIS NACHBAR même vous, Monsieur le Procureur. ”

Cette phrase, Fourniret l’a assénée quelques minutes après sa première rencontre avec le procureur Nachbar. C’était le 3 juillet 2004, lors des fouilles dans le parc du château du Sautou, dans les Ardennes, où furent découvert les corps de deux de ses victimes. Le monstre ne s’est pas trompé. Dix-huit ans après, ces mots résonnent encore comme une mauvaise litanie. Effectivement, Francis Nachbar n’est pas sorti totalement indemne de cette affaire judiciaire exceptionnelle, de ces centaines d’heures passées avec Michel Fourniret et Monique Olivier, couple diabolique, symbole ultime du mal. Quinze ans après le procès d’Assises de 2008, Francis Nachbar décide de livrer sa part de vérité sur l’une des plus grandes affaires de tueurs en série qu’ait connue la France. Il lui a fallu toutes ces années pour se sentir prêt, libéré de ses fonctions judiciaires et de toute entrave.

Un livre salutaire qui éclaire d’un jour nouveau ce couple aux mains tâchées de sang. Au total, Michel Fourniret a avoué 11 meurtres. Il est par ailleurs suspecté dans 21 autres affaires de disparition de fillettes et de jeunes femmes. A commander ici.

cold case bientôt résolu grâce à l'ADN en parentèle Forenseek Police scientifique

Deux cold case résolus grâce à l’ADN de parentèle?

Comme pour l’affaire Elodie Kulik en 2011 et celle du prédateur des bois en 2022, deux dossiers repris par le pôle « Cold case » de Nanterre sont en passe d’être résolus grâce à la recherche de parentèle, une technique qui met l’ADN au centre du jeu.

« On n’est jamais trahi que par les siens », un proverbe qui prend ici toute sa dimension. Deux meurtres commis à distance de douze ans et à priori sans lien entre eux pointent désormais vers un seul et même suspect et cela grâce à un rapprochement entre l’ADN des membres d’une même famille.

En 1988, Valérie Boyer, 15 ans, est retrouvée égorgée sur la voie ferrée de Saint Quentin-Fallavier. En 2000, Laïla Afif, 40 ans, est tuée d’une balle dans la tête à Verpillière. Seul point commun entre ces deux événements, la situation géographique, puisqu’ils ont eu lieu dans deux communes voisines de l’Isère. Faute de pistes sérieuses et de similitudes dans le mode opératoire, ces enquêtes se retrouvent rapidement dans l’impasse jusqu’en mars 2024. Plus de 20 ans plus tard, le pôle cold case, créé en 2022, relance en effet l’affaire Laïla Afif en demandant de nouvelles analyses de l’ADN retrouvée sur la scène de crime.

La preuve par l’ADN en parentèle

Ces expertises, élargies grâce à la technique de recherche de parentèle, permettent de trouver dans le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG) un individu mis en cause dans une autre affaire et dont l’ADN présente une correspondance à 50% avec celui présent dans le dossier Afif. Or, la loi de la génétique est implacable : dans la mesure où l’on partage la moitié de son génome avec ses parents et ses enfants biologiques, les enquêteurs remontent logiquement la piste jusqu’au père de cet homme. Trahi par l’ADN de son fils, Mohammed C. est aujourd’hui mis en examen, non seulement pour le meurtre de Laïla Afif mais également pour celui de Valérie Boyer, l’enquête ayant permis de faire des rapprochements troublants entre ces deux affaires. Cette dernière fait partie de la série « des disparus de l’Isère » qui a défrayé la chronique dans les années 80 et dont le pôle cold case s’est d’ores et déjà emparé.

Pour aller plus loin : COLD CASES UN MAGISTRAT ENQUÊTE – Jacques DALLEST

L’histoire criminelle est jalonnée d’assassinats sordides, de meurtres sauvages, de disparitions énigmatiques et de suicides étranges. “Énigmatiques ” et ” étranges “, car ces affaires n’ont jamais été résolues, leurs auteurs jamais identifiés, les coupables jamais condamnés. Ces dossiers, sont appelés en bon français des “cold cases”. Ils se chiffrent par dizaines, et sont souvent inconnus du grand public. Seules quelques grandes affaires restées inexpliquées sont inscrites dans les tablettes de l’histoire judiciaire et suscitent toujours débats et interrogations ; l’affaire de Bruay-en-Artois, l’affaire Fontanet, l’affaire Grégory, l’affaire Boulin, ou, plus récemment, la tuerie de Chevaline. Mais qu’appelle-t-on un cold case ? Quelle signification ce terme anglo-saxon revêt-il dans notre paysage judiciaire français ? Doit-on rouvrir ces dossiers ? Comment peut-on leur trouver une issue après toutes ces années ? Dans cet essai érudit et très documenté, Jacques Dallest, ancien juge d’instruction, procureur et avocat général, fait le point sur la question comme aucun livre ne l’avait fait auparavant.

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Fichier FAED empreintes Forenseek police scientifique

Le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED) partage ses informations

Créé en 1987, le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED) renferme différentes données relevées lors d’une enquête judiciaire. Son utilisation, strictement encadrée par la loi, vient d’être modifiée par décret en date du 23 avril 2024.

En janvier 2024, le FAED enregistrait les empreintes digitales et palmaires de plus de 6,7 millions d’individus ainsi que près de 300 000 traces non identifiées (chiffres CNIL). Il enregistre chaque année plus d’un million de nouveaux signalements. Cette masse d’informations fait de ce fichier un outil précieux dans la résolution des enquêtes, sa consultation permettant notamment de faire des rapprochements entre certaines affaires ou encore d’identifier des personnes disparues.

Plus d’interconnexions pour plus d’efficacité.

Le FAED n’est pas le seul fichier existant, loin de là. La France en compte un certain nombre, parmi lesquels le TAJ (Traitement des Antécédents Judiciaires) le CJN (Casier Judiciaire National), le DPN (Dossier Pénal Numérique) le FPR (Fichier des Personnes Recherchées), chacun d’entre eux contenant des millions de données, sans oublier les logiciels de procédure de la Police et de la Gendarmerie Nationale, le LRPPN et le LRPGN qui permettent le traitement automatisé de données à caractère personnel.

Le décret, mis en application le 24 avril 2024, vise à assurer la connexion entre eux de ces différents fichiers, dans le but évident de faciliter les rapprochements et de gagner en efficacité.

Une coopération européenne renforcée.

Le projet ne cible pas uniquement l’échelon national, il ambitionne également de relier ces fichiers nationaux à des systèmes européens afin d’en consulter les bases de données. Ce sera le cas pour le Système d’information Schengen deuxième génération  (SIS -II) qui comporte une partie centrale basée à Strasbourg associée à des bases nationales dans chaque pays membre de l’espace Schengen.  Ce système centralise les informations sur des personnes ou des objets signalés par les autorités administratives et judiciaires des différents états. L’autre système bénéficiaire est le système d’entrée et de sortie EES (pour  Entry/Exit System) qui enregistre et contrôle de manière automatisée les données des ressortissants de pays non membres de l’UE voyageant dans l’espace Schengen.

Dans les deux cas, cette mutualisation des données a pour objectif de faciliter les échanges, de renforcer les contrôles et donc la sécurité dans la zone européenne désormais dénuée de frontières intérieures. 

Des données suffisamment sécurisées ?

Le décret modifie également la durée de conservation des données enregistrées dans le FAED. Elle est portée à vingt cinq ans pour les crimes et certains délits et peut aller jusqu’à quarante ans pour certaines procédures criminelles.

Etant donné le volume d’informations traitées et ces nouvelles interconnexions entre les fichiers, la question se pose de la protection des données personnelles.  Suite à un rappel à l’ordre de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) qui s’en était inquiétée auprès du Ministère de l’intérieur, des mesures ont été prises pour protéger la confidentialité de ces données et procéder de manière automatisée à leur mise à jour et à leur effacement à la fin du délai de conservation. Ces mesures seront-elles suffisantes ? L’avenir le dira…

Source :
Décret n° 2024-374 du 23 avril 2024 modifiant le code de procédure pénale et relatif au fichier automatisé des empreintes digitales – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
Chapitre Ier : Système d’information Schengen de deuxième génération (SIS II) (Articles R231-1 à R231-16) – Légifrance (legifrance.gouv.fr)
L’entrée dans l’espace Schengen : la future mise en place des systèmes EES et ETIAS – Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (diplomatie.gouv.fr)
FAED : la CNIL clôt l’injonction prononcée à l’encontre du ministère de l’Intérieur 01 février 2024 – Global Security Mag Online

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Cold case article Forenseek procureur Jacques Dallest

Enquêter sur les cold cases : défaitistes et désinvoltes s’abstenir !

Enquêteur chevronné et particulièrement investi dans la résolution des cold cases, Raphael Nedilko voit en la matière « une équation à trois inconnues : un dossier complexe, une famille dans l’incompréhension et une institution globalement sourde malgré d’évidentes bonnes volontés individuelles »[1]

C’est un résumé parfait d’une problématique qui continue de susciter des questions aujourd’hui. Les victimes et la justice entretiennent trop souvent entre elles des relations aussi difficiles que l’affaire elle-même. Les premières ne comprennent pas l’incapacité à solutionner le crime ou la disparition et n’y voient que la manifestation de carences injustifiables. Prise par des contentieux massifs et urgents, la seconde se reconnaît inapte à consacrer du temps à des dossiers anciens, certes graves, mais moribonds à ses yeux. Elle plaidera le manque de moyens et une enquête initiale infructueuse qu’il sera vain de rouvrir.

Mais qu’en est-il de cette enquête par qui le scandale arrive ? N’est ce pas elle la fautive, qui plonge des familles dans le désespoir et l’indignation ? Et la réouverture du dossier ou sa relance exige-t-elle un traitement différent de l’affaire qui vise des faits anciens par définition ?

L’enquête criminelle initiale, une rigueur attendue

On le répète assez dans les écoles de police et à l’ENM : tout réside dans la qualité des investigations initiales. La vérité réside dans la rigueur des opérations de constatations et de recueil d’indices sur les lieux du crime. Elles sont nombreuses et quelquefois délicates à accomplir en raison de la configuration de la scène criminelle. Trois situations se rencontrent, de la plus simple à la plus complexe :

  • La scène de crime se situe dans un espace clos, maison, appartement ou leurs dépendances. L’homicide y a été manifestement perpétré et le corps de la victime s’y trouve. Le périmètre est aisé à clôturer ce qui facilite largement le travail des enquêteurs. Un risque existe cependant. Des tiers  ont pu pénétrer dans les lieux avant l’arrivée des enquêteurs :  proches, voisins, services de secours etc.. Une éventuelle pollution de la scène de crime par ces derniers doit être envisagée.
  • La scène de crime se situe sur la voie publique. La victime a été tuée dans la rue ou dans un véhicule (règlements de compte). Le périmètre est plus incertain et moins aisément délimitable. La recherche de traces et indices s’en ressent inévitablement. La présence de badauds est également de nature à gêner les investigations. Par ailleurs, l’événement peut générer des troubles à l’ordre public s’il a lieu dans une cité exposé aux violences urbaines.
  • La scène de crime est incertaine ou mal définie. C’est la situation la plus délicate pour les enquêteurs. Le cadavre est découvert dans un espace naturel terrestre, forêt, bois, chemin de terre ou aquatique, mer, rivière, étang. La délimitation de la scène de crime est rendue complexe voire impossible (cadavre immergé). Par ailleurs, la présence du corps ne signifie pas que le meurtre a eu lieu à l’endroit de sa découverte. Il est à craindre en effet que les faits se soient produits ailleurs et que le ou les auteurs aient voulu se débarrasser de la victime. Cette configuration rend les investigations complexes surtout si la mort est ancienne.

La configuration des lieux a donc une incidence sur le déroulement des investigations. Quoi qu’il en soit, il est attendu du service d’enquête saisi la plus grande rigueur. On sait en effet que les premières constatations sont déterminantes et que tout manque, oubli ou négligence pèsera sur l’enquête. La manifestation de la vérité pourra s’en ressentir, les erreurs commises étant souvent irrémédiables.

Peut se poser aussi la question de l’incertitude des causes de la mort. Cette dernière peut être naturelle, accidentelle, criminelle ou consécutive à un acte suicidaire. Il n’est pas toujours simple de caractériser ab initio le décès. Une appréciation immédiate erronée est de nature à fausser gravement le raisonnement des enquêteurs et du parquetier. Partir sur la piste d’un suicide alors qu’il s’agit d’un homicide ou inversement est gravement préjudiciable. Une erreur d’analyse va conduire à des carences irréversibles ou au contraire à des actes inutiles et chronophages, alors que la célérité des investigations est une nécessité pour la préservation des preuves.

“L’élucidation d’un meurtre est une tâche prioritaire qui requiert une entente parfaite entre les enquêteurs et les magistrats.”

Jacques DALLEST

Observer attentivement les lieux de découverte du cadavre, procéder à des constatations complètes et rigoureuses, préserver les traces et indices, les recueillir avec soin et les conserver avec méthode, telles sont les préconisations fondamentales que les enquêteurs primo-intervenants se doivent de respecter.

Malheureusement, le manque d’effectif, une formation insuffisante, un matériel inadéquat, une désinvolture coupable, des erreurs graves, des certitudes dangereuses nuiront à l’enquête. Une enquête de voisinage insuffisante, des auditions trop rapides, des perquisitions non effectuées, des vérifications absentes participeront également de ces défaillances qui affecteront gravement les investigations menées.

Les magistrats doivent exercer pleinement les prérogatives qui sont les leurs dans la direction de l’enquête. Le procureur intervenant initialement et le juge d’instruction qui sera saisi ultérieurement du crime jouent à cet égard un rôle fondamental. L’absence de directives précises données aux enquêteurs ou un manque d’assiduité dans le suivi du dossier ne saurait être expliqué par une surcharge de travail. Certes, le magistrat pénaliste est avant tout un généraliste, assailli d’affaires urgentes et soumis à une forte pression du quotidien. Cependant, les affaires criminelles et à titre principal, les crimes de sang, exigent de sa part un complet investissement et une attention toute particulière à l’endroit des investigations diligentées par le service saisi. L’élucidation d’un meurtre est une tâche prioritaire qui requiert une entente parfaite entre les enquêteurs et les magistrats.

Cette rigueur professionnelle nécessaire ne peut faire fi des attentes des proches de la victime, cette famille frappée par un drame terrible et en plein désarroi. Désemparés, ces derniers s’en remettent à la justice. Ils espèrent une écoute qui est trop souvent insuffisante voire inexistante. Même constitués parties civiles, ils se plaignent unanimement d’être laissés dans l’ignorance des investigations et pire, de ne pas être reçus et entendus par le juge d’instruction. Rappelons que l’article 90-1 du code de procédure pénale oblige celui-ci à aviser la partie civile de l’état d’avancement de l’information tous les six mois. De plus, le même texte autorise les proches à être entendus par le juge tous les quatre mois, à leur demande expresse.

Malheureusement, ces dispositions tendent à être oubliées. Les avocats des parties civiles se doivent d’en demander l’application stricte et faire preuve de volontarisme en la matière. Peu d’entre eux finalement usent des facilités que la loi leur donne, se contentant d’attendre que le magistrat instructeur les convoque officiellement. C’est bien regrettable.

Le traitement judiciaire est-il fondamentalement différent lorsque le crime reste énigmatique ? De quels ressorts les enquêteurs et la justice disposent-ils pour investiguer sur ces affaires anciennes mais toujours douloureuses pour les proches ?

L’enquête « cold case », volontarisme et empathie exigées

La reprise d’une enquête criminelle ancienne est une affaire délicate, a fortiori, lorsque les faits n’ont pas été élucidés. Les errements antérieurs vont lourdement peser sur ceux qui ont pour mission de résoudre l’énigme. Des témoins oubliés, des perquisitions omises, des saisies négligées, des recherches techniques laissées de côté, une stratégie mal adaptée, un manque d’implication conduisent à l’impasse, cette voie sans issue dont il est difficile de sortir. Combien d’affaires mal traitées qui aboutiront à l’impunité des auteurs ? Et combien de meurtriers ou de violeurs ont-ils pu réitérer leur forfait faute d’avoir été confondus ?

La création du pôle des crimes séries ou non élucidés (PCSNE) installé au sein du tribunal judiciaire de Nanterre depuis le 1er mars 2022 est venu rebattre les cartes. Désormais, fort des dispositions pénales nouvelles introduites par la loi du 22 décembre 2021 (un titre XXV bis les énumère dans le code de procédure pénale), le traitement judiciaire des cold cases a pris un élan qu’on espère déterminant.

Ressortissent désormais à la compétence du pôle de Nanterre les crimes de sang et de sexe (meurtre, viol) ainsi que les enlèvements et séquestrations qui ont été commis ou sont susceptibles d’avoir été commis de manière répétée à des dates différentes par une même personne à l’encontre de différentes victimes ainsi que plus généralement les crimes dont l’auteur n’a pas pu être identifié plus de dix-huit mois après leur commission (article 706-106-1).

Les crimes en série et les crimes non élucidés ont donc vocation à être transmis à Nanterre quels que soient leur lieu de commission sur le territoire national.

Une formidable avancée, réclamée par les familles de victimes, qui est de nature à leur faire garder espoir en la justice ! Composé de parquetiers et de juges d’instruction spécialisés et motivés, le pôle de Nanterre met son énergie au seul traitement des cold cases, offrant par là des perspectives d’élucidation nouvelles. On sait en effet que, pris par les urgences pénales et des contentieux de masse, les magistrats généralistes ne peuvent consacrer qu’un temps réduit aux affaires anciennes fussent-elles criminelles. Les premières années de fonctionnement du pôle et quelques belles réussites montre l’intérêt d’une justice centrée sur cette thématique si particulière.

” Parallèlement, les procureurs généraux et les procureurs de la république auront à mettre en place une véritable mémoire criminelle leur permettant de connaître et suivre les affaires non résolues de leur ressort. “

Jacques DALLEST

Une véritable culture « cold cases » née de la loi nouvelle doit maintenant irriguer le corps judiciaire. Il est acquis en effet que le pôle de Nanterre n’aura pas la capacité matérielle de rassembler l’intégralité des crimes non résolus en France dont certains remontent à plus de quarante ans. Il est donc impératif que l’ensemble des procureurs de la république et des juges d’instruction en charge d’affaires criminelles se pénètrent de cette nouvelle dynamique vertueuse.

S’intéresser véritablement à ces affaires, construire une méthodologie de traitement adaptée et user de moyens modernes d’investigation (recours à l’intelligence artificielle), connaître et utiliser les nouvelles disciplines scientifiques (les sciences forensiques), se rapprocher des parties civiles et les écouter, apprendre à interroger un suspect (l’analyse comportementale peut les y aider), si nécessaire nouer des liens avec les partenaires étrangers, travailler avec les médias en tant que de besoin, autant d’axes d’effort qui doivent inspirer les magistrats en charge de cold cases.

Cold Cases – Un magistrat enquête – Jacques DALLEST – Mareuil éditions

Parallèlement, les procureurs généraux et les procureurs de la république auront à mettre en place une véritable mémoire criminelle leur permettant de connaître et suivre les affaires non résolues de leur ressort. Cette mémoire est largement méconnue dans les parquets. Prenant ses fonctions, un procureur ne trouvera pas sur son ordinateur la liste des affaires criminelles non élucidées en cours ou clôturées.

Cinq tableaux mériteraient d’être renseignés régulièrement dans les 91 parquets comptant un pôle criminel (sur 164 juridictions) : un état des meurtres contre X, un état des viols contre X, un état des enlèvements et séquestrations contre X, un état des découvertes de cadavres non identifiés (dont les enterrés sous X) ainsi qu’un état des disparitions inquiétantes. Ces tableaux seraient communiqués au procureur général (36 en France) qui organiserait de façon périodique des réunions d’évaluation et de suivi avec les procureurs concernés. Une mise en commun et des échanges du même type pourrait être également opérée au niveau interrégional (plusieurs cours d’appel) de façon à ce que chacun ait une vision panoramique des crimes et disparitions enregistrés dans ce vaste territoire. Qui peut penser qu’un criminel limite ses agissements à un ressort territorial ?

Une mémoire criminelle est indispensable pour mieux cerner la criminalité de sang et de sexe, la traiter avec davantage de pugnacité, répondre utilement aux attentes des proches et de leurs avocats et être à même de faire face aux sollicitations de la presse.

“On n’interroge pas un meurtrier présumé, peut-être sériel,  comme on questionne un trafiquant de drogue ou un cambrioleur.”

Jacques DALLEST

Enquêter sérieusement sur un cold case, c’est aussi suivre les recommandations suivantes :

  • Ne jamais détruire les scellés de l’affaire même si celle-ci a été clôturée. Un texte récent applicable le 30 septembre 2024 prohibe toute destruction dix ans après l’acquisition de la prescription, c’est à dire trente ans depuis la clôture du dossier. Un scellé criminel doit être stocké dans un espace dédié, bien conservé et précisément tracé. La perte d’un scellé par négligence est inacceptable car elle peut priver de toute chance de succès.
  • Avoir une attention toute particulière pour les proches, parties civiles : les recevoir régulièrement, les écouter, procéder aux actes sollicités, leur expliquer le déroulement du dossier et ses perspectives, les traiter tout simplement dignement. C’est une question d’honnêteté, d’honneur et d’humanité dit à juste titre Raphaël Nedilko.
  • Savoir procéder à l’audition (ou à la ré-audition) des témoins qui peuvent s’avérer déterminante. Une méthodologie du recueil du témoignage s’impose. Il en va de même pour l’audition du suspect. On n’interroge pas un meurtrier présumé, peut-être sériel,  comme on questionne un trafiquant de drogue ou un cambrioleur.
  • Remettre sur l’ouvrage le travail accompli, non pour le critiquer par principe mais pour en cerner les insuffisances ou les oublis.
  • Procéder à des rapprochements avec des affaires similaires ou présentant des points convergents. Il faut écarter la notion de « signature criminelle », maints criminels sériels, en France, agissant sans mode opératoire identique. Ce n’est pas parce que les victimes sont d’âge ou de sexe différent ou que l’instrument utilisé pour leur donner la mort n’est pas le même que les faits ne sont pas imputables au même auteur. Attention aux limites du profilage à l’américaine qui peut être source de grave erreur.
  • S’informer en permanence des évolutions scientifiques en perpétuel mouvement. L’analyse de l’ADN est bien différente aujourd’hui que lors de sa découverte. Et l’exploitation de la trace génétique et sa valeur probante auront considérablement progressé dans plusieurs dizaines d’années.
  • Ne pas se fonder uniquement sur la recherche de la preuve scientifique qui peut faire défaut. L’enquête traditionnelle,  à dimension humaine, reste indispensable. Le commissaire Maigret n’a pas cédé la place au chercheur en sciences exactes.
  • Se former aux nouvelles techniques d’investigation, numériques, informatiques, téléphoniques, balistiques etc…
  • Il faut le répéter, se méfier de ses certitudes, de ses a priori, de son parti-pris, qui conduisent à l’effet tunnel dont on ne peut sortir. L’excès de confiance en soi est générateur d’erreurs souvent  irrattrapables.
  • Travailler pour la manifestation de la vérité bien sûr mais aussi pour la postérité. D’autres enquêteurs prendront peut-être la suite. Il convient donc de ne pas les mettre dans l’impossibilité de progresser de leur côté. L’humilité, cette vertu si nécessaire…
  • Ne jamais abdiquer alors que le progrès scientifique permettra peut-être de solutionner l’affaire. La détermination est nécessaire comme l’est le travail en commun.

Le traitement judiciaire du cold case est long, incertain et exigeant. L’espoir fait vivre les familles. Il doit guider aussi les acteurs du dossier. Le juge d’instruction saisi de l’affaire et les enquêteurs doivent se parler, échanger, fixer les perspectives. L’avocat des parties civiles, leur guide dans le maquis judiciaire, ne peut être écarté, comme le serait un personnage importun. Il a toute sa place dans la procédure et son concours actif est requis. Là plus qu’ailleurs, l’intelligence collective est convoquée.

« Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes » disait Baudelaire. S’y essayer, quelle plus belle entreprise ?


[1]Lire son article « Cold cases : laissons la chance à l’espoir » dans le numéro 52 des Cahiers de la Sécurité et de la Justice paru en 2021 (Les crimes complexes, cold cases, meurtres sériels, disparitions non élucidées) – je renvoie également à son excellent livre « L’obstiné » Éditions Studiofact 2023

Des experts de la police scientifique s'inspirent de méduses pour une nouvelle technique de révélation d'empreintes digitales. Forenseek

Révélation d’empreintes en 10sec chrono grâce aux méduses !

Finies les poudres dactyloscopiques ou les réactifs chimiques pour relever les empreintes digitales ? C’est en tout cas ce qu’espèrent des scientifiques en proposant cette alternative qui pourrait révolutionner les méthodes de police scientifique.

Utilisé depuis le XIXème siècle sur les scènes de crime, le relevé d’empreintes papillaires a déjà connu quelques évolutions techniques depuis sa mise en place. A côté des poudres dactyloscopiques classiques, les agents de la police scientifique disposent aujourd’hui de réactifs chimiques, notamment la ninhydrine, l’indanedione, le DFO ou encore le Lumicyano, une technique luminescente mise au point en 2013 par des experts français, qui utilise du cyanoacrylate fluorescent par fumigation.

Ces différentes techniques présentent toutefois quelques inconvénients : Certaines formulations contiennent des composants qui peuvent se révéler toxiques à fortes doses, elles peuvent dégrader l’ADN présent dans les empreintes (sueur, cellules épithéliales) et nécessitent par ailleurs plusieurs minutes pour révéler une trace.   

Inspirantes méduses …

Afin d’améliorer les capacités opérationnelles des équipes présentes sur les scènes de crime, des scientifiques basés en Chine et au Royaume Uni ont mis au point une alternative en s’inspirant … Des méduses ! Ces organismes marins que l’on connaît plus pour leurs piqures urticantes que pour leurs aspects positifs, produisent en effet la GFP (Green Fluorescent Protéin) une protéine fluorescente soluble dans l’eau et compatible avec les systèmes biologiques. Elle a donné naissance à deux colorants, le LFP jaune et le LFP rouge, dont la particularité est d’interagir avec les acides gras et les acides aminés présents dans le sébum et la sueur qui imprègnent les empreintes digitales et dont la formulation est compatible avec les analyses ADN ultérieures.

Un spray actif en 10 sec

Le nébulisateur ultrasonique imaginé par les scientifiques offre l’avantage de vaporiser une brume très fine qui se dépose sans altérer les empreintes. Une fois au contact de la surface à traiter, les molécules des colorants se lient aux sécrétions sébacées et eccrines des empreintes. Il suffit ensuite d’exposer la zone à la lumière U.V pour qu’apparaisse une empreinte claire et contrastée en seulement dix secondes, prête à être photographiée.

Ce gain de temps se double d’une capacité à révéler des traces papillaires anciennes déposées plusieurs jours auparavant et d’une véritable efficacité sur des surfaces réputées difficiles comme la céramique, le plastique, le papier aluminium ou plus rugueuses comme la brique. Des performances qui ont encore besoin d’être optimisées avant que cette nouvelle technique ne soit intégrée dans l’arsenal forensique mais qui ouvre de nouvelles perspectives pour la police technique et scientifique.

Sources :
Une nouvelle technique inspirée des méduses pour relever les empreintes digitales (fredzone.org)
De nouveaux colorants en spray peuvent révéler instantanément les empreintes digitales sur les scènes de crime – Oxtero

Généalogie génétique police scientifique Forenseek

Les « biobanques », source d’info pour la police scientifique ?

En décembre 2023, le site de généalogie génétique 23andme a subi le piratage des données ADN de presque 7 millions de clients. Une cyberattaque qui met en lumière la valeur de ces informations ultrasensibles et pas seulement pour les cybercriminels !

Il suffit désormais d’un test salivaire vendu par des sociétés spécialisées dans la généalogie génétique pour connaître ses origines et identifier ses ancêtres. Un axe ludique revendiqué par les biobanques comme 23andme, MyHeritage ou Ancestry pour ne citer qu’elles. Ces sociétés communiquent en revanche assez peu sur le risque que l’on coure à confier des données aussi confidentielles que son propre ADN, ces informations pouvant être rendue publiques ou faire l’objet d’un trafic très lucratif comme le montre ce dernier hackage informatique.

Construire son arbre généalogique génétique

Les progrès sur les analyses ADN permettent de réaliser des comparaisons de plus en plus fines entre les millions de données génétiques présentes dans ces fichiers informatiques, ces derniers étant régulièrement alimentés par des tests effectués chaque année dans le Monde. Grâce à ces comparaisons, les généalogistes génétiques peuvent retrouver des individus apparentés de façon proche ou lointaine et élaborer ainsi un véritable arbre généalogique avec à la clé, des informations sur des ancêtres souvent totalement inconnus.  Une découverte amusante et parfois déroutante sur ses origines.

L’ADN de parentèle pour résoudre les crimes

Au-delà de son aspect récréatif, la généalogie génétique est une technique qui suscite de plus en plus l’intérêt de la police scientifique. Dans ce cas, les enquêteurs confrontés à une enquête qui se trouve dans l’impasse, ne scrutent pas le passé mais se focalisent plutôt sur les branches plus contemporaines de l’arbre généalogique afin de comparer les ADN présents dans ces bases publiques avec un ADN retrouvé sur une scène de crime mais inconnu au FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques). L’objectif est de trouver une correspondance et, en partant de l’identification d’un parent plus ou moins proche, de remonter jusqu’à l’auteur de la trace biologique. Au Etats-Unis, cette technique a déjà permis d’élucider 621 affaires criminelles et en France, grâce aux recherches du FBI, d’arrêter en 2022 celui qui avait été baptisé le « prédateur des bois » à cause de son mode opératoire pour perpétrer plusieurs viols entre 1998 et 2008.  

La généalogie génétique pourrait devenir un outil d’investigation très utile pour la résolution de certains « cold case ». En revanche, en France, contrairement aux Etats-Unis où cette pratique existe déjà au grand dam de certains spécialistes des questions éthiques, cette recherche ne peut pas s’effectuer en piochant dans les bases de sociétés privées mais uniquement dans les bases génétiques créées à des fins médico-légales. Reste le réel danger du piratage des données pour lequel aucune parade n’a pour l’instant été trouvé.

Sources :

Le “prédateur des bois” mis en examen et placé en détention provisoire (francetvinfo.fr)
IGG Cases (genealogyexplained.com)
Les enjeux éthiques de l’utilisation de l’ADN dans le domaine médico-légal – Sciences et Avenir

Identification des victimes de catastrophes en Israel - Police scientifique - Forenseek

L’IVC, une approche pluridisciplinaire d’identification des victimes

Les événements tragiques qui viennent de se dérouler en Israël mais également en Ukraine remettent en lumière la difficulté extrême d’identifier les victimes de catastrophes de masse. Pour faciliter ces procédures complexes mais nécessaires, INTERPOL a mis en place le protocole IVC, aujourd’hui internationalement reconnu.

Répondre le plus rapidement possible aux proches plongés dans une attente insoutenable tout en gardant une stricte approche scientifique est une gageure à laquelle sont confrontées toutes les équipes dépêchées sur les lieux d’une catastrophe ! Rédigé pour la première fois en 1984 et remis à jour tous les cinq ans, le guide IVC d’Interpol (Identification des Victimes de Catastrophes, DVI ou Disaster Victim Identification dans sa version anglaise) propose aux unités sur le terrain une procédure qui permet une identification formelle.

Un protocole en 4 étapes

Mis en pratique en 2004 lors du tsunami en Thaïlande puis de façon systématique lors de chaque catastrophe, qu’il s’agisse d’un événement naturel, d’un accident ou d’un attentat comme celui perpétré par le Hamas en Israël ces derniers jours, le protocole comprend quatre étapes complémentaires afin de ne laisser aucune place à l’erreur :

L’examen des lieux de la catastrophe afin de procéder au relevage des corps mais également de tous les objets personnels,

Le recueil de preuves médico-légales ou données post-mortem: relevé d’empreintes digitales et examen dentaire lorsque l’état de la dépouille le permet, prélèvements ADN (superficiels ou profonds), recherche de particularités physiques (tatouages, cicatrices, taches de naissance…), examen radiologique (recherche de prothèse, implants, broches, etc.).

La consultation de données ante-mortem : il s’agit des dossiers médicaux existants ou de données recueillies par les équipes à l’issue de l’ouverture d’une fiche “Interpol – Personne disparue”. Dans ce cas, il va s’agir de récupérer l’ADN de la personne disparue via un object qu’elle a l’habitude de manipuler (brosse à dents, à cheveux, rasoirs) ou de le déterminer à l’aide de probabilités en récupérant l’ADN de personnes apparentées (parents, enfants, cousins, grands-parents, etc). Enfin, les experts de la gendarmerie nationale ou de la police nationale pourront également récupérer les empreintes digitales de la personne disparue soit dans un fichier soit sur un objet dont elle est la seule à manipuler.

-La confrontation des différentes données post-mortem et ante-mortem afin de pouvoir réaliser des rapprochements et grâce à une analyse approfondie par les experts, de procéder à une identification formelle d’une victime. Dès lors que l’identification est établie, le certificat de décès est délivré et les familles peuvent désormais récupérer le corps de leur proche et entamer ce long et douloureux processus de deuil.

Une expertise de pointe au chevet des morts

L’efficacité de cette intervention est intimement liée à la conjugaison de plusieurs expertises. En dehors de la police scientifique spécialisée dans les scènes de crime et des unités d’enquête, des experts en médecine légale, odontologie médico-légale, des anthropologues, des biologistes et des experts en empreintes digitales travaillent en concertation avant de rendre leurs conclusions.

La France qui a été régulièrement confrontée à ces situations dramatiques ces dernières décennies, s’est dotée d’unités de pointe : l’UPIVC (Unité de Police d’Identification des Victimes de catastrophes) qui est intervenue notamment lors des attentats du 13 novembre 2015 et dont la mise en œuvre est confiée au Service National de Police Scientifique (SNPS) et l’UGIVC (Unité de Gendarmerie d’identification des Victimes de Catastrophes) dont la mise en oeuvre est confiée à l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN). Ces services spécifiques se déploient rapidement sur les lieux d’une catastrophe majeure, qui est dite « fermée « (lorsqu’elle concerne un groupe de personnes précis et identifiable comme lors d’un crash d’avion) ou «ouverte» (lorsqu’il est difficile de connaître le nombre de victimes comme lors de l’attentat de Nice en 2016).

Lorsque l’intervention d’une seule unité ne suffit pas, l’Unité Nationale d’Identification des Victimes de Catastrophes (UNIVC) prend temporairement le relais en activant conjointement les deux unités précédentes.

Sources :

Identification des victimes de catastrophes (IVC) (interpol.int)
L’Unité Gendarmerie d’Identification des Victimes de Catastrophe (UGIVC) – PJGN (interieur.gouv.fr)
ATTENTATS : UPIVC, l’unité de police d’identification des victimes de catastrophe en action –  

un décodeur capable de retranscrire la pensée d’une personne avec une précision qui frise la perfection.

Bientôt la machine qui lit dans nos pensées ?

Des scientifiques de l’université d’Austin au Texas ont mis au point un décodeur capable de retranscrire les pensées d’une personne avec une précision qui frise la perfection. Pour quelles applications dans le futur ?

Quand informatique et neurosciences s’associent, cela donne naissance à une innovation technologique majeure qui risque de révolutionner la vie humaine. Dans une précédente étude, les universitaires de Zurich mettaient en évidence la possibilité de capter en moins de deux minutes l’empreinte d’un cerveau permettant d’identifier un individu avec une précision proche des 100% (voir article).

Cette fois-ci, les chercheurs américains ont utilisé deux technologies de pointe, un appareil IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) et un modèle d’IA (Intelligence Artificielle) de type transformateur afin de décoder l’activité cérébrale et de la retranscrire en langage texte, tout cela de manière non invasive contrairement aux précédentes interfaces cerveau-machine qui exigeaient l’implantation d’électrodes par la chirurgie.

L’activité cérébrale passée au crible

Pour obtenir ce résultat, les scientifiques ont placé trois volontaires dans un appareil d’imagerie médicale et leur ont fait écouter des podcasts racontant des histoires. Pendant 16 heures, ils ont enregistré leur activité cérébrale et observé comment les mots et les idées générées par l’écoute de ces récits activaient les différentes régions du cerveau. Toutes ces données ont ensuite été passées au crible d’un système neuronal artificiel afin de les convertir en langage texte. Les tests, menés cette fois en faisant écouter de nouvelles histoires, ont permis de constater que le réseau décodait sans problèmes ces nouvelles pensées.

A terme, ce nouveau dispositif à visée médicale a pour but de permettre aux personnes lourdement handicapées, qui ont perdu l’usage de la parole et qui ne peuvent pas utiliser un clavier, de communiquer avec leur entourage par le simple fait de la pensée. Même si cette technologie reste perfectible, elle semble particulièrement prometteuse dans la mesure où selon l’un des chercheurs à l’origine de ce procédé, le décodeur IA peut déjà saisir l’essentiel d’une pensée parfois complexe et la retranscrire. En un mot, aller plus loin que les simples paroles…

Dans la tête d’un suspect …

Si l’étude suscite l’intérêt de tous les chercheurs en neurosciences, elle soulève également de nombreuses questions éthiques. Entrer dans la tête d’une personne pour fouiller dans ses pensées contre sa volonté pourrait à l’avenir devenir une réalité. On peut ainsi imaginer que dans le cadre d’une enquête judiciaire où le suspect reste muet et la victime introuvable, les policiers puissent obtenir des réponses et lever une fois pour toute le mystère de certaines disparitions. Et si cette machine avait pu faire « avouer » au cerveau malade de Michel Fourniret le lieu où est enterré le corps de la petite Estelle Mouzin ? Et si dans l’affaire de la disparition de Delphine Jubillar, cela permettait d’incriminer ou au contraire de disculper définitivement son mari actuellement en détention provisoire ? Autant de « si » qui plaident en faveur de ce procédé. A contrario, il peut également se transformer en arme redoutable pour museler la liberté de pensée, une tentation toujours possible dans certains pays pour qui la démocratie n’est pas une priorité.

Un risque qui n’existe pas selon les chercheurs à l’origine de l’étude. En effet, le décodeur ne fonctionne que sur le cerveau d’un sujet qui est entraîné et consentant. Dans le cas contraire, il lui est très facile de mettre en place des tactiques qui vont « saboter » les résultats. En bref, le cerveau humain gagne sur la machine. Pour l’instant…

Sources :

Des chercheurs parviennent à lire dans les pensées grâce à l’IA – Les Numériques (lesnumeriques.com)
L’IA peut maintenant lire vos pensées (iatranshumanisme.com)
Reconstruction sémantique du langage continu à partir d’enregistrements cérébraux non invasifs | Nature Neurosciences