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Identification des victimes de catastrophes en Israel - Police scientifique - Forenseek

L’IVC, une approche pluridisciplinaire d’identification des victimes

Les événements tragiques qui viennent de se dérouler en Israël mais également en Ukraine remettent en lumière la difficulté extrême d’identifier les victimes de catastrophes de masse. Pour faciliter ces procédures complexes mais nécessaires, INTERPOL a mis en place le protocole IVC, aujourd’hui internationalement reconnu.

Répondre le plus rapidement possible aux proches plongés dans une attente insoutenable tout en gardant une stricte approche scientifique est une gageure à laquelle sont confrontées toutes les équipes dépêchées sur les lieux d’une catastrophe ! Rédigé pour la première fois en 1984 et remis à jour tous les cinq ans, le guide IVC d’Interpol (Identification des Victimes de Catastrophes, DVI ou Disaster Victim Identification dans sa version anglaise) propose aux unités sur le terrain une procédure qui permet une identification formelle.

Un protocole en 4 étapes

Mis en pratique en 2004 lors du tsunami en Thaïlande puis de façon systématique lors de chaque catastrophe, qu’il s’agisse d’un événement naturel, d’un accident ou d’un attentat comme celui perpétré par le Hamas en Israël ces derniers jours, le protocole comprend quatre étapes complémentaires afin de ne laisser aucune place à l’erreur :

L’examen des lieux de la catastrophe afin de procéder au relevage des corps mais également de tous les objets personnels,

Le recueil de preuves médico-légales ou données post-mortem: relevé d’empreintes digitales et examen dentaire lorsque l’état de la dépouille le permet, prélèvements ADN (superficiels ou profonds), recherche de particularités physiques (tatouages, cicatrices, taches de naissance…), examen radiologique (recherche de prothèse, implants, broches, etc.).

La consultation de données ante-mortem : il s’agit des dossiers médicaux existants ou de données recueillies par les équipes à l’issue de l’ouverture d’une fiche “Interpol – Personne disparue”. Dans ce cas, il va s’agir de récupérer l’ADN de la personne disparue via un object qu’elle a l’habitude de manipuler (brosse à dents, à cheveux, rasoirs) ou de le déterminer à l’aide de probabilités en récupérant l’ADN de personnes apparentées (parents, enfants, cousins, grands-parents, etc). Enfin, les experts de la gendarmerie nationale ou de la police nationale pourront également récupérer les empreintes digitales de la personne disparue soit dans un fichier soit sur un objet dont elle est la seule à manipuler.

-La confrontation des différentes données post-mortem et ante-mortem afin de pouvoir réaliser des rapprochements et grâce à une analyse approfondie par les experts, de procéder à une identification formelle d’une victime. Dès lors que l’identification est établie, le certificat de décès est délivré et les familles peuvent désormais récupérer le corps de leur proche et entamer ce long et douloureux processus de deuil.

Une expertise de pointe au chevet des morts

L’efficacité de cette intervention est intimement liée à la conjugaison de plusieurs expertises. En dehors de la police scientifique spécialisée dans les scènes de crime et des unités d’enquête, des experts en médecine légale, odontologie médico-légale, des anthropologues, des biologistes et des experts en empreintes digitales travaillent en concertation avant de rendre leurs conclusions.

La France qui a été régulièrement confrontée à ces situations dramatiques ces dernières décennies, s’est dotée d’unités de pointe : l’UPIVC (Unité de Police d’Identification des Victimes de catastrophes) qui est intervenue notamment lors des attentats du 13 novembre 2015 et dont la mise en œuvre est confiée au Service National de Police Scientifique (SNPS) et l’UGIVC (Unité de Gendarmerie d’identification des Victimes de Catastrophes) dont la mise en oeuvre est confiée à l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN). Ces services spécifiques se déploient rapidement sur les lieux d’une catastrophe majeure, qui est dite « fermée « (lorsqu’elle concerne un groupe de personnes précis et identifiable comme lors d’un crash d’avion) ou «ouverte» (lorsqu’il est difficile de connaître le nombre de victimes comme lors de l’attentat de Nice en 2016).

Lorsque l’intervention d’une seule unité ne suffit pas, l’Unité Nationale d’Identification des Victimes de Catastrophes (UNIVC) prend temporairement le relais en activant conjointement les deux unités précédentes.

Sources :

Identification des victimes de catastrophes (IVC) (interpol.int)
L’Unité Gendarmerie d’Identification des Victimes de Catastrophe (UGIVC) – PJGN (interieur.gouv.fr)
ATTENTATS : UPIVC, l’unité de police d’identification des victimes de catastrophe en action –