Les jumeaux, un vrai casse-tête judiciaire

  • 24 février 2022
  1. Home
  2. /
  3. Actualité
  4. /
  5. Les jumeaux, un vrai...
-->

La ressemblance des vrais jumeaux n’est pas que physique. Ils partagent également le même patrimoine génétique, de quoi mettre en échec la fameuse preuve par l’ADN. Mais peut-être plus pour très longtemps…

Cette affaire récente illustre bien la difficulté à juger une affaire criminelle impliquant des jumeaux. Le 17 mars 2021, la cour d’assises du Val d’Oise de Pontoise jugeait deux frères jumeaux pour trois tentatives d’assassinat. Acquittés pour les deux premières, ils ont en revanche été condamnés à une peine identique de douze ans de réclusion criminelle pour la troisième. Une décision surprenante mais justifiée par l’impossibilité dans les deux premiers cas de déterminer avec certitude à qui appartenait les traces ADN relevées sur une arme de poing.

Cette affaire n’est pas sans rappeler l’affaire des frères Gomis, concernant une série de viols et de tentatives de viols dans la région de Marseille en 2013. Dans l’impossibilité de les différencier à partir de leur ADN, la police avait d’abord inculpé le mauvais jumeau avant d’obtenir les aveux du vrai coupable.

Semblables mais pas identiques à 100%.

Les jumeaux dits “monozygotes“, c’est à dire issus de la division du même ovule fécondé par le même spermatozoïde, partagent le même patrimoine génétique. D’où la difficulté de les différencier sur la base de l’ADN, devenue ces dernières années la reine des preuves scientifiques pour résoudre les affaires criminelles. Les analyses se concentrent en effet sur de minuscules portions non codantes de l’ADN, variables d’un individu à l’autre mais identiques chez les vrais jumeaux.

Cette difficulté génétique pourrait toutefois être prochainement résolue. Dans une étude portant sur 387 paires de jumeaux et publiée le 7 janvier 2021 dans la revue Genetics, des scientifiques islandais soulignent l’existence de mutations génétiques précoces survenant au moment de la gestation, pendant la division cellulaire. Des altérations parfois infimes mais qui expliquent notamment les différences au niveau du physique ou encore face aux risques de développer certaines maladies.

Des empreintes digitales différenciées.

A l’avenir, grâce aux progrès des techniques de séquençage en laboratoire, il sera donc possible de différencier les jumeaux par leur ADN. En attendant ce bond technologique, la police scientifique peut toujours s’appuyer sur la dactyloscopie. En effet, chaque personne possède des empreintes digitales uniques. Il existe en fait une probabilité de 1 sur 64 milliards de les partager avec un autre individu, une possibilité tellement faible qu’elle en devient quasiment impossible.

Les jumeaux, contrairement à certaines idées, ne font pas exception à la règle. Si l’ADN joue un rôle fondamental dans la structure des empreintes digitales, de nombreux autres facteurs peuvent les affecter. Formées in utero entre la treizième et la vingtième semaine de gestation, elles sont ensuite soumises à toutes sortes de “stress” environnementaux : pressions contre les parois utérines, frottements à l’intérieur du liquide amniotique ou sur le cordon ombilical, succion du pouce par le fœtus. Selon certaines études, le comportement maternel pourrait également altérer les dessins digitaux : l’exposition à des agents toxiques (alcool, drogue) ou à certains médicaments, certaines infections virales ou bactériennes et jusqu’aux problèmes psychologiques rencontrés au cours de la grossesse, augmenteraient ces risques d’altérations. Après la naissance, accidents, maladies de peau ou traitements médicaux peuvent également modifier le détail des crêtes papillaires.

Ce sont autant d’indications précieuses que la police scientifique, confrontée à une affaire criminelle, utilise pour lever le mystère de la gemellité.

Sources

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/03/17/des-jumeaux-monozygotes-condamnes-a-la-meme-peine-de-douze-ans-de-reclusion-criminelle_6073394_3224.html

https://www.nature.com/articles/s41588-020-00755-1

https://www.livescience.com/do-identical-twins-have-identical-fingerprints.ht

Tous droits réservés - © 2022 Forenseek

Nos suggestions